Le régiment de la Chaudière

Le Régiment de Chaudière eut sa première incarnation en 1760 grâce au seigneur Louis-Alexandre Taschereau, car à l’époque, chaque seigneur se devait de vaquer à protéger ses terres.  Toutefois, nous connaissons beaucoup mieux la dernière formation du régiment de Chaudière, soit celui qui a vu le jour durant la 2ème guerre mondiale.  Mobilisé en 1939, il passa l’hiver au Lac Mégantic, puis s’installa au Camp Valcartier au printemps 1940, où il devint une unité d’infanterie.  Puis, il fut une fois de plus déplacé, cette fois au Nouveau-Brunswick, à Sussex plus précisément, avant de s’embarquer pour le vieux continent,  le 21 juillet 1941.  Arrivés en Grande-Bretagne, les soldats du régiment suivirent toutes sortes d’entraînements en vue d’être prêts pour le débarquement, en plus d’être de tous les mouvements de troupe importants des forces canadiennes, et de plusieurs des forces anglaises

Ce régiment, qui porte le nom d’une rivière du Québec, est une compagnie de tireurs destinée à occuper la place militaire stratégique de Nan, lors du débarquement allié sur les plages de la Normandie le 6 juin 1944.  Le lieutenant-colonel Mathieu en devient le commandant en février 1944 et le dirige lors de la campagne de France et de l'Escaut. Le commandant de la compagnie B, Jean-François l'Espérance, devient commandant en second de ce régiment à l’automne 1944. Surnommés les "chauds", les soldats du régiment de la Chaudière avaient une chanson fétiche qui exaltait leur tempérament de baroudeurs sur les notes bien connues du "Régiment de Sambre-et-Meuse".

Ce bataillon fait partie de la 3ème division d’infanterie canadienne comptant 15 000 hommes au total, répartis en trois unités, dont la 8ème brigade. Le lieu à occuper représente une superficie de 80 km, du sud du Contentin à l’embouchure de la rivière Orne.

 

Quelques dates et faits du régiment de la Chaudière, sous forme de journal intime imaginé d’abord…

1944, 5 juin, 22 h 15,

            « Berce mon cœur d’une langueur monotone ».

Voici le message qui marque le début de l’opération Neptune, celle qui libérera la voie pour les troupes à pied pour pouvoir les débarquer sur la plage.  Avec mon régiment, nous devons occuper et tenir fermement position sur JUNO, plage renommée pour l’assaut.  Alors qu’une partie de la troupe doit occuper la section codée Mike, le régiment de la Chaudière dont j’ai le commandement doit s’occuper de Nan, plus à l’Ouest. L’opération Neptune n’est que la phase un du plan OVERLORD.

 

6 juin, 00 h 05,

            Les bombardiers prennent maintenant soin d’éliminer les défenses côtières et celles immobiles des Allemands à l’ouest de la Normandie.  Dans huit heures environ aura lieu le débarquement…

 

6 juin, 00 h 20,

            Les troupes aéroportées ont pris complètement contrôle du pont « Pegasus Bridge », qui traverse l’Orne. Cette manœuvre nous permettra d’éviter une riposte de troupes terriennes pendant l’attaque.

 

6 juin, 1 h,

            Les premières unités offensives sont en place pour nettoyer le terrain des bâtiments allemands.  Les troupes divisées en deux groupes devront neutraliser les forces marines sur le fleuve et détruire les constructions destinées à la retraite sur la plage.

 

6 juin, 5 h 50,

            J’ai été retenu afin de recevoir les dernières directives de l’opération.  Les troupes visant à occuper deux autres parties de la plage, Utah et Omaha, embarquent dans les péniches pour se faire transporter.  En même temps, pour les couvrir, les navires occupant le fleuve bombardent et ripostent aux feux des troupes allemandes.

6 juin, 6 h,

            Afin de tendre un piège aux troupes luttant pour la possession de la plage, les tacticiens ont organisé un nouveau bombardement aérien destiné à éliminer les unités prises au dépourvu.

6 juin, 6 h 30,

            Les premières troupes au sol atteignent enfin la plage et commencent l’opération de nettoyage.

 

6 juin, 7 h 30,

            Par le transmetteur dont est équipé le navire, nous sommes informés que les troupes destinées aux deux autres parties de la plage, Gold et Sword, sont bel et bien arrivées au poste convoité.

6 juin, 8 h 45,

            Nous débarquons à notre tour, après la première vague tellement meurtrière. Je dois laisser mon journal pour aller diriger mon régiment.

 

Note supplémentaire au Journal du Capitaine :

Malgré la mort du capitaine, je complète ce journal que j’ai trouvé sur lui et j’ajoute : nous avons maintenant main mise sur la plage de Nan. Nous avons passé la journée à affronter la 716 ème Division d'Infanterie allemande et nous avons finalement réussi  à nous emparer, non sans difficultés, vers 16h00 du village de Bény sur Mer, situé à environ 5 km au sud de la plage de Juno. Les troupes blindées ont pu débarquer sur la plage afin de conserver ce contrôle.

 

Autres repères historiques :

Tout le mois de juin 1944 est consacré à la libération des environs de Caen.

Du 4 au 9 juillet, , le régiment de la Chaudière combat pour conquérir l’aéroport de Carpiquet-Caen.

Le 30 juillet, les Canadiens-Français entrent dans Caen, entièrement détruite.

Le 8 août, le régiment est victime d’une attaque de bombardiers américains, par erreur !

Le mois d’août est consacré aux combats menés autour de Falaise.

Pendant le mois de septembre, le Régiment de la Chaudière participe à la libération de la Côte d’Opale, Boulogne d’abord, puis Calais.

Les soldats qui le constituent ne s’arrêtent pas là, et poursuivent leur route vers la Belgique et les Pays-Bas.

 

Pour en savoir plus sur la participation des Canadiens-Français du régiment de la chaudière à la libération de Calais, consultez l’ouvrage très détaillé, très précis de l'historien calaisien Robert Chaussois, "CALAIS, Le dernier round ( Août 1944 - Mai 1945).

Pour vous renseigner sur l’histoire du régiment de la Chaudière, Robert Chaussois vous renvoie à La Geste du régiment de la Chaudière, publié en 1945 à Rotterdam.

Pour découvrir l’histoire des Canadiens-Français dans la bataille de Normandie, consultez le site  qui leur est consacré.

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