La porte s’ouvre. Un
silence de plomb succède au brouhaha habituel qui caractérise une salle de
classe, surtout la nôtre. Médusés, nous voyons une paire d’yeux menaçants nous
fixer avec courage. Un individu haut de taille et en couleurs qui porte un couvre-chef
d’une excentricité innommable nous dévisage. Il s’arrête près du bureau. Il ôte
sa casquette. Celle-ci laisse place à l’immonde paillasse qui lui sert de
tignasse. D’une voix mal assurée, cet énergumène bafouille un semblant de
préambule, puis expose d’un ton ferme le programme de l’année. Pendant toute
l’heure, Monsieur Merlin noircit ou plutôt rougit – pas moyen de dénicher une
craie blanche – rougit donc le tableau de titres de livres et de noms
d’auteurs. Nous commençons à nous assoupir quand la sonnerie retentit.
M. Merlin nous lance alors gravement : « La prochaine fois, je
vous présenterai ces œuvres de façon originale. ».